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L'exigence d'une victoire d'étape. 19 jours, 1 heure, 10 minutes et 30 secondes - c’est le temps qu’il aura fallu à Xabi Fernández et son équipage de MAPFRE pour remporter cette deuxième étape de la Volvo Ocean Race. Ce soir, les espagnols pointent logiquement en tête du classement général, avec un total de 14 points. Ce soir, ils confortent un peu plus leur statut de favori. Ce soir, ils peuvent être fiers de leur performance, et de la maîtrise dont ils ont fait preuve jusque dans les derniers instants !

Le skipper Xabi Fernández sait bien que la route est longue et il a fait preuve d’une grande lucidité dans l’analyse de cette deuxième manche, et de la suite par la même occasion : “cette étape résume ce qui nous attend tout au long de ce tour du monde : de la régate très serrée, chaque bateau a une bonne vitesse et les petites erreurs se paient cher. Cette fois-ci, nous avons eu la chance de faire moins d’erreurs que nos adversaires, c’est ce qui explique pourquoi nous avons gagné.”

“Faire moins d’erreurs que nos adversaires…” cette phrase en dit long sur l’état d’esprit dans lequel sont plongés les 7 équipages engagés sur ce tour du monde ! Avec des bateaux strictement identiques, le moindre avantage ne peut être attribué qu’aux marins eux-mêmes qui bataillent jours et nuits, pendant plusieurs semaines pour espérer se détacher de leurs concurrents.

Les réglages les plus minimes ont des conséquences massives sur les performances, et chaque décision se doit d’être finement analysée et préparée, pour espérer prendre un avantage sur la concurrence. De la même manière qu’un maigre avantage fasse souvent la différence, une erreur suffit pour laisser s’envoler tout espoir de victoire.

À peine arrivé sur le ponton, Charles Caudrelier nous livre son analyse, brute, honnête, et au combien révélatrice de l’exigence que demande une victoire d’étape.

“Un peu de déception quand même parce qu’on a mené pendant 14 jours. On avait fait le plus dur et on a fait une erreur stupide, je m’en veux beaucoup, on perd tellement et on a la chance de pouvoir revenir. On a prouvé qu’on est très fort, on peut revenir de loin mais il faut limiter le nombre d’erreur parce qu’on ne peut pas gagner cette course en faisant autant et ça fait deux étapes qu’on fait deux grosses erreurs. On arrive à revenir mais on perd des points bêtement; pour la gagner il faut être devant. On a fait nos bêtises et pour les prochaines il faut que ça aille mieux."

"On a une bonne vitesse, on a beaucoup travaillé là-dessus. On se rend compte qu’on va très très vite, tant mieux c’est positif mais on ne pourra pas toujours revenir, on n'a pas tout le temps les opportunités pour revenir. Il va falloir qu’on se concentre pour faire moins d’erreurs, pour gagner cette course."

À propos de cette ‘erreur stupide’ : “On prend les décisions ensemble avec Pascal, on avait décidé de gyber beaucoup plus tôt et il dormait à ce moment là, moi j’étais sur le pont j’ai été trop gourmand, je ne l’ai pas réveillé au bon moment, on n’a pas assez discuté. On avait pas vraiment anticipé la catastrophe que ça pouvait être et la météo n’a pas été à notre avantage, on aurait pu perdre 30, 40 milles et on en a perdu 100, on n'a pas eu de chance dans notre malheur. La seule fois où on a fait une erreur c’est parti par devant et on l’a payé cher mais on a rien lâché et on est revenu.”

Il faut qu’on fasse mieux, il n’y a pas le choix !

Cette deuxième place, en plus d’être amplement méritée, reflète l’état d’esprit sans faille qui règne à bord. Aussi simple que cela puisse paraître, les sourires sur les visages des 9 marins présents à bord en arrivant sur le ponton ce soir en disaient long sur la satisfaction autour de ce résultat.   

Arrivé 1 heure et 35 minutes après Dongfeng Race Team, Vestas 11th Hour Racing remporte 5 points et se place deuxième au classement général, à un petit point du leader MAPFRE. 

“Nous sommes heureux avec ce podium, contre de très bonnes équipes, c’était une étape difficile jusqu’ici au Cap !” confiait le skipper Charlie Enright, resté au contact de Dongfeng ces 4 derniers jours, avant de tenter le tout pour le tout en prenant l’option ‘mode furtif’, qui n’a pas été payante.

Team Brunel devrait arrivé ici au Cap à 02:00 heure locale, en quatrième position.

Les 3 derniers bateaux sont quant à eux à 350 milles de l’arrivée. L’écart entre team AkzoNobel, actuel cinquième et SHK/Scallywag septième, est de 2 milles nautiques… ce qui promet un finish haut en couleur, au pied de Table Mountain !

Le meilleur de Leg 2.
Découvrez les plus belles images de la première étape de la Volvo Ocean Race ici.

Départ de l’étape :
5 novembre 2017

En résumé :

Cette étape est une longue descente de 7000 milles vers le sud. Départ de Lisbonne le 5 novembre pour rejoindre Cape Town à l’extrêmité sud du continent africain. Une traversée de l’Atlantique du nord au sud qui implique aussi la traversée de nombreuses zones climatiques.

Euuuh… c’est quoi une zone climatique ?

Le climat océanique de notre planète se présente sous forme de bandes distinctes, horizontales, qui encerclent le globe et s’enchaînent les unes après les autres de l’équateur aux poles. Lorsqu’elle navigue du nord au sud, la flotte passe sans cesse d’une bande climatique à l’autre et toute la difficulté est de trouver les meilleurs points d’entrée et de sortie à chaque transition entre deux zones où les conditions peuvent changer radicalement et où les gains ou les pertes sont parfois spectaculaires. 

Quelles difficultés ? 

La zone anticyclonique subtropicale (Latitudes des Chevaux) : ne soyons pas si négatifs, une difficulté est aussi une opportunité et dans cette étape les occasions de gagner des milles sont nombreuses. La première est une petite chose qu’on appelle l’Anticyclone des Açores, une zone de hautes pressions subtropicale à laquelle l’archipel des Açores a donné son nom.

C’est la première zone climatique que devra traverser la flotte. Elle se trouve entre 30 et 38 degrés nord et elle est constituée d’une énorme étendue de hautes pressions stables et semi-statiques. On l’appelle également ‘Latitudes des Chevaux’ parce que les vents faibles qui y sont associés ralentissaient les vieux navires à voiles. A tel point que l’équipage, souffrant parfois de pénurie d’eau, était contraint de jeter par-dessus bord les chevaux mourants. 

Les alizés : l’anticyclone des Açores détermine également la position de la deuxième zone climatique océanique, les Alizés. Ce sont des vents modérés à forts qui soufflent de manière régulière du nord-est de l’hémisphère nord vers l’équateur, et du sud-est de l’hésmiphère sud vers l’équateur. Il y a donc deux ceintures d’alizés de chaque côté de l’équateur, chacune soufflant d’une zone anticyclonique subtropicale vers l’équateur.

Selon la position de l’Anticyclone des Açores, la flotte peut attraper les alizés dès le départ de Lisbonne et descendre avec eux rapidement vers le sud dans des conditions très agréables. Mais si l’anticyclone est centré sur Lisbonne, la flotte peinera à avancer dans le petit temps. Ce sera lent, stressant et loin d’être drôle… sauf pour celui qui est en tête.

Les archipels : Les îles des Canaries et du Cap Vert sont toutes sur le parcours. Ce sont de hautes terres volcaniques qui peuvent influer sur la force et la direction du vent sur plusieurs centaines de milles. Autant d’occasions de doubler des bateaux.

Le Pot au Noir (ZCIT): Au sud des alizés se trouve le Pot au Noir, ou Zone de Convergence Inter-Tropicale (ZCIT). C’est une région de basses pressions qui encercle le globe à peu près au niveau de l’équateur. L’air chaud et humide des Tropiques monte et finit par générer les orages, des vents faibles, de la pluie et des rafales violentes et soudaines. Bref, une zone imprévisible et particulièrement stressante pour les marins.

Accessoirement, pour les mordus de météo, c’est l’air plus frais au nord et au sud du Pot au Noir qui est aspiré pour remplacer l’air montant, ce qui aide à former les alizés de nord-est dans l’hémisphère nord et les alizés de sud-est dans l’hémisphère sud.

Traverser le Pot au Noir sans encombre peut faire gagner cette étape, et l’inverse peut la faire perdre. C’est donc un moment crucial dans la course. La clé est de choisir l’endroit le plus étroit pour traverser et généralement, il se trouve dans l’ouest, donc les bateaux font route dans ce sens jusqu’à ce qu’ils touvent le passage, puis ils font cap plein sud pour traverser. La légende dit - et les légendes sur ce lieu sont nombreuses depuis l’époque des grands voiliers - que le meilleur point de passage est autour de 27-28 degrés de longitude ouest… Mais cela marche aussi entre 25 ouest et 30 ouest.

L’anticyclone de Sainte-Hélène : la caractéristique des zones climatiques est qu’elles se reflètent du nord au sud au niveau de l’équateur. Donc l’anticyclone des Açores dans l’hémisphère nord a un frère jumeau dans l’hémisphère sud, l’anticyclone de Sainte-Hélène, qui doit son nom à l’île de Sainte-Hélène. Qui dit anticyclone dit vents faibles, et celui-ci barre la route directe vers Cape Town.

Les bateaux descendront probablement dans l’ouest du centre de la dépression. C’est souvent la route la plus rapide pour rejoindre la dernière zone climatique qu’on appelle la route des tempêtes d’ouest

Le Grand Sud et la Route de Tempêtes d’Ouest : c’est là que les tempêtes et les dépressions se succèdent d’est en ouest autour du globe. Elles font le tour de l’Arctique au Nord et le tour de l’Antarctique au Sud, en se déplaçant toujours d’ouest en est. La stratégie est d’éviter l’anticyclone sub-tropical pour toucher la route des tempêtes, accrocher une dépression qui part vers l’est et avancer avec elle le plus longtemps possible. Les bateaux allongent la foulée à travers l’Atlantique Sud jusque Table Bay en Afrique du Sud. Le premier qui réussit à accrocher une dépression est souvent le vainqueur de l’étape.

Sur une étape avec autant de chances de victoires, il a du y avoir de nombreux vainqueurs ?

Oh oui. En 1997-98, le bizuth Paul Cayard et son navigateur Mark Rudiger ont pris des risques en décidant de ne pas suivre le reste de la flotte. A bord d’EF Language, ils sont passés au sud de Fernando de Noronha. Cette option leur a permis d’accrocher la Route des Tempêtes d’Ouest. Ils ont continué et ont finalement pris la tête de la course, jusqu’à remporter la victoire !

 

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