Bras de fer dans les quarantièmes
Charles et Xabi – les deux rivaux des bateaux leaders de cette troisième étape nous livrent leurs sentiments dans cette incroyable bataille au coeur de l'océan Indien !Charles Caudrelier, Dongfeng Race Team
Bonjour,
Après 9 jours de course, et plus de 3,000 milles, je commence à détester le rouge, le bateau de nos amis espagnols.
J'ai entendu dire que Xabi est un ancien champion cycliste, et bien comme on dit en France, MAPFRE est dans notre roue, suivant nos moindres mouvements, il attend l'opportunité pour attaquer. Depuis que l'on navigue autour de la zone d'exclusion, cette étape a pris une tournure de match-racing ; on a empanné plus de 30 fois hier, pour rester le long de cette limite et avoir plus de vent (un cauchemar pour l'équipage ; empanner toutes les heures pendant 30 heures empêche tout sommeil, et demande beaucoup de travail à bord, en bougeant la moindre source de poids d'un côté à l'autre).
Plus de 400kg dans le bateau, et 4 voiles. 4 voiles de 100kg lorsqu'elles sont sèches, mais en plus de l'eau, on peut rajouter 50kg chacune. Empanner toutes les heures signifie aussi ne pas pouvoir retirer ses équipements pour dormir, donc tu es toujours plus trempé et après tout cela, l'équipage était épuisé.
MAPFRE est bien revenu avec le vent et une bonne vitesse. Pendant 24 heures, on le voyait revenir lentement, et nous mettre la pression. On a travaillé dur pour trouver la solution nous permettant d'atteindre la même vitesse.

Pendant ces 3 heures, on a testé beaucoup d'options. C'est toujours une situation difficile, tu n'as pas la vitesse voulue donc tu changes plein de choses, modifie tes habitudes et en ressort un peu perdu - puis MAPFRE nous a dépassé.
Nous sommes alors revenus à nos réglages de base, notre vitesse s'est améliorée et après 2 bons mouvements, on est repassé devant, et il est maintenant à 6 milles derrière. Ce n'est rien à 6 jours de la ligne d'arrivée, avec autant d'options possibles pour notre route.
Même Vestas et Brunel peuvent toujours revenir. Beaucoup de gens me demande souvent quelle étape est la plus compliquée, je réponds toujours que les prévisions en décideront... tu peux avoir une étape 'facile' dans le grand sud, et une terrible dans une zone tropicale comme pourraient l'être les deux prochaines. J'espère que celle là restera la plus dure.
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Xabi Fernández, MAPFRE
Bonjour à tous,
Nous avons une bataille avec nos amis chinois de Dongfeng ! Je dois dire que c'est fun mais ça devient difficile pour être honnête.
Comme vous pouvez le constater, on a fait plus de 30 empannages en 24 heures - je vous laisse imaginer le peu de sommeil à bord. Par ailleurs, avec la zone d'exclusion, nous devons être vigilants, et ne pouvons commettre aucune erreur lors de ces empannages, donc on ne relâche jamais.

À présent on est dans une pure course de vitesse, cap Est - Nord-est, direction Melbourne, ce qui est bon signe, mais nous avons Dongfeng devant. Ils ont gagné un peu, doucemement l'écart grandit et l'on se prend la tête pour garder le contact, et réduire la distance afin de saisir notre chance
2,300 milles avant l'arrivée et encore beaucoup d'action, donc on garde le moral, puisque l'on sait que l'on réalise une très belle étape.
On continue de creuser l'écart avec les bateaux derrière, et cela est positif aussi.
Les priorités à bord sont de nous reposer autant que possible lorsque l'on est hors quart, afin d'être en pleine forme au moment voulu.
On vous tiendra au courant.
Xabi