Paroles d'Onboard Reporter
Pas de lune ce soir. Après 10 minutes, les yeux finissent par s’adapter au noir, et l’on peut voir les ombres des marins.

Se tenir derrière le barreur est toujours une sensation cool, tu peux sentir sa concentration, tu peux voir comment le bateau va réagir en regardant la barre, tout en étant surpris de la vitesse. Tu regardes tous les chiffres, la direction qu’il suit, la vitesse qu’il atteint, l’angle du vent vrai, la vitesse du vent vrai…
Celui que j’aime regarder est le ‘polar percentage’. L’équipage analyse toutes les données reçues du bateau, et ils obtiennent un pourcentage qui leur indique leur niveau de performance selon le vent, les conditions, la route etc. La plupart du temps ce chiffre tourne autour de 100, signifiant que le bateau performe bien.
Ça m’a pris du temps pour comprendre que Pascal barrait.. son corps le long des sacs de voiles, l’une de ces positions élégantes que certains marins finissent par prendre. Stu met l’une de ses mains à l’envers, Charles a un air de Cowboy, conduisant un camion, Daryl a l’air de conduire sa propre voiture… il te parle dans plus de 30 noeuds, tout en suivant la conversation comme si de rien n’était, alors que tu fais dans ton froc, chaque vague interrompant la glisse sur l’Océan, à l’inverse de ce soir où le bateau suit les vagues et atteint 20 noeuds dans les rafales.
Daryl est en moyenne autour des 105, sûrement l’un des meilleurs mais bon sang, Jérémie, Carolijn, Jackson, ce sont tous les meilleurs au final…
Maintenant Pascal, le roi des cartes, le gars qui dirige l’orchestre de marins sur le pont depuis son Intercom, simplement en regardant les chiffres - je l’ai même soupçonné d’être un vampire puisqu’il ne dort jamais - analyse dieu sait quel fichier météo. Quand tu vois ce gars à la barre, la nuit, sans lune, tu te demande… il se tourne vers moi : “c’est chouette la nuit hein ?”
Ce qui est drôle, c’est que Pascal est le seul que j’ai vu atteindre 110.
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